samedi 29 août 2009

Carnet de route no.5: Fraser Island


Jours 51-52

Fraser Island était notre dernier voyage programmé. Heureusement, nous n’avons pas été déçus et, peut-être parce que nous savions qu’il fallait en profiter à fond, c’était peut-être le meilleur. Certes les Whitsundays ont placé la barre très haut, mais elles ont été un peu entachées par toutes les arnaques que nous avions subi. Au moins, à Fraser, tout était clair. Ce fut un petit voyage, de deux jours. Mais pour se rendre à Fraser Island, rien de plus simple ! Rendez-vous au centre de transit à Brisbane, où l’on prend direct le 4x4, avec lequel on traverse l’autoroute jusqu’à Rainbow Beach.

C’est ici que nous prenons un ferry spécial 4x4 pour traverser les quelques centaines de mètres qui séparent Rainbow Beach de Fraser Island. Mais pas si vite ! Le voyage commence très bien, nous sommes un petit groupe de 5 : Valentin, moi et trois autres filles : Drothiel (aucune idée de comment ça s’écrit, juste rouler le « r » et prononcer le « th » à l’anglaise. Bref, une espagole ayant la bougeotte et surtout la parlotte. Tatiana, une allemande d’origine russe, la copine de Drothiel en Australie, et enfin Hannah, une japonaise dont le vrai nom est Hannaë (je me demande pourquoi elle a changé de nom, j’adore son vrai prénom). Et enfin le guide, Brian. Après un tour de table… enfin plutôt un tour de 4x4 pour connaître tout le monde et apprendre des détails insignifiants mais toujours intéressants sur nos compagnons de voyage. Ainsi, nous découvrons par exemple que notre cher guide a deux filles, dont la deuxième n’avait pas de prénom encore une semaine après sa naissance ( !).

Fraser Island se trouve à environ 200km de Brisbane, ce qui correspond à environ trois heures d’autoroute en comptant deux pauses de vingt minutes, temps qu’il a fallu à Hannah pour se faire attaquer par un oiseau en furie… En fin de matinée, nous arrivons à Rainbow Beach, où nous avons pris le ferry pour traverser la rive, accompagnés par une poignée de dauphins.

Arrivés à Fraser, nous prenons une plage, « 75 Mile Beach ». Devinez pourquoi on lui a donné ce nom… C’est sa description, la plage mesure environ 75 miles... Du coup, le gouvernement l’a reconnue en tant que véritable route, donc le code de la route s’applique de la même manière (rouler à gauche, doubler à droite, limitations de vitesse, pas d’alcool au volant). Sur la plage on peut en gros voir des collines qui ressemblent à des rochers mais qui sont en réalité du sable, des petits oiseaux qui se placent sur la route et dès qu’on les approche, qui courent très vite jusqu’à l’eau au lieu de s’envoler, des creeks (ruisseaux), et des coffee rocks (rochers formés de sable et de nutriments, qui ressemblent à du café moulu si on les gratte)

La traversée est agrémentée de secousses dues aux coffee rocks et de quelques arrêts pour admirer, notamment, les dingos (animaux sauvages qui ressemblent à des chiens mais qui sont en réalité des descendants de loups asiatiques. Donc ils n'aboient pas mais ils hurlent, et surtout, ils ne sont pas domestiques). D'autres pauses sont organisées afin d'étudier l’eau marron rendue ainsi par les feuilles d’ « arbres à thé » s’y trempant, ou encore les petits coquillages cachés sous les millions de monticules de sable.

Au bout d’une heure de route environ, nous arrivons à Indian Head, amas de rochers au bout de l’île, responsable de la formation de Fraser. En effet, on estime que le sable est remonté vers le nord par les courants puis a été stoppé par Indian Head et s’est aggloméré au fil des ans pour fabriquer une île. C’est pour cela que, curieusement, l’île s’agrandit avec le temps. Aujourd’hui, Fraser est la plus grande île de sable du monde s’étendant sur environ 122km de long et 25km de large.

Photo : Indian Head : guitariste ayant pour seul public et inspiration, l'océan

Indian Head est nommée ainsi car lorsque le capitaine Cook y a débarqué, il a cru voir des Indiens montant sur les rochers. D’en haut, la vue est superbe et si vous regardez bien vous apercevez des baleines au loin, puisque de mai à novembre est la période de migration des baleines, et elles passent justement par là !

Après un petit casse-croute sur ce point de vue magnifique, nous reprîmes la route en direction du Lake Wabby. Deux seuls petits stops s'imposaient. Le premier est celui de l'épave du Maheno, un paquebot plus petit mais aussi luxueux que le Titanic, qui a servi, après son abandon, (en 1935) de base d'entraînement des militaires et de salle de mariage comme dernier voyage. Le second a duré cinq minutes, le temps d'admirer Eli Creek, le plus grand ruisseau, et de décider d'aller plutôt au Lake Wabby.

Pour y accéder, il faut marcher pendant environ 2km à travers la forêt (tropicale ?), pour ensuite parcourir un incroyable paysage entièrement composé de sable, si bien que l’on peut se croire en plein milieu du désert.

Encore plus incroyable, une dune plongeant sur des dizaines de mètres laisse place à un lac exactement vert, bordé à moitié par la dune et ombragé par la forêt Courageux, Valentin plonge d’une traite.

Moins courageuse, j’y vais centimètre par centimètre, avant de le rejoindre et d’aller nager ensemble. Qué bonheur ! Enfin, c’est le temps de rentrer à l’hôtel, pour une fois un vrai hôtel ou nous avions une chambre pour quatre juste pour nous deux. Nous nous sommes fait un énorme lit en rassemblant tous les matelas et les oreillers. Après un copieux dîner au restaurant, Brian nous propose de le rejoindre sur la plage pour nous montrer quelque chose. Premièrement, la vue de la croix du sud et de la voie lactée est toujours aussi prenant. Mais saviez vous que si vous frottiez le sable encore mouillé, des milliers de paillettes vert fluo se formaient ? Magnifique ! En réalité, il s’agit de plancton déposé par l’eau sur le sable, qui produit une réaction chimique (et donc fluorescente) au frottement.

Puis, comme il ne faut pas abuser non plus, nous sommes tous allés au bar, happy hour obligeant (happy hour au singulier d’ailleurs : de 20H à 21H). Brian a bu un verre avec nous. Nous nous sommes fait photographiés par un australien tellement bourré qu’il a mis des heures à prendre deux photos, parfois mettant sa main entière devant l’objectif, ou partant à l’autre bout du bar parce qu’il pensait avoir une meilleure vue, montant sur une chaise (et la faisant vaciller dû au mauvais équilibre, lui-même dû à l’alcool) pour la même raison, j’en passe et des meilleures… A mourir de rire ! Ce verre entre nous a aussi été l’occasion d’apprendre à la japonaise que le cidre était par définition alcoolisé. En effet, elle a commandé une boisson dont le nom m’échappe, disant
« c’est comme du cidre mais avec de l’alcool »
… « Oui c’est du cidre quoi »..
« Il y a de l’alcool dans le cidre ? »

Puis, sans crier gare, nous avons perdu Brian. Ce qui m’a donné l’occasion de placer le « Where is Brian ? ». Au bout d’un certain moment, nous sommes quand même allés nous coucher.

Le lendemain mati, lever 6H30 pour un solide petit déjeuner, puis direction la Rainforest, la forêt tropicale. D’ailleurs saviez vous que l’on appelle une forêt tropicale, « tropicale » pour une raison qui n’a rien à voir avec les tropiques ? En réalité, une forêt est dire tropicale lorsque la cime des arbres empêche au moins 80% de la lumière du soleil de pénétrer

Encore une balade de deux kilomètres. La forêt a été replantée il y a 60 ans, par une compagnie qui avait puisé les ressources de cette forêt pour ses besoins industriels. Lorsque la forêt est devenue officiellement un parc national, ils ont replanté l’équivalent de tout ce qu’ils avaient pris. Aujourd’hui, cette forêt est splendide. Au milieu y coule une creek ou l’eau est véritablement transparente (limite on pourrait croire qu’il n’y a que du sable). Ce ruisseau est unique au monde (apparemment) car… il ne fait aucun bruit ! L’eau dégorge du sable et ne rencontre aucun rocher, donc elle est totalement silencieuse.

Après cette balade enchanteresse, il est temps de reprendre le 4x4 pour se rendre au Lake Birrabeen. Quelques minutes dans les chemins de sable « bumpy » (disons… qui secouent beaucoup), nous nous garons et nos yeux n’en croient pas leurs pupilles : un lac, au milieu de nulle part, un paradis. Nous étions absolument seuls au monde, et c’est ça je crois le plus extraordinaire. Seuls dans ce paysage de sable blanc, d’eau douce transparente et de forêts grenade-ocre. Nous y restons bien deux heures, avant que nous soyons malheureusement obligés de repartir.

Ce voyage à Fraser Island fût beaucoup trop court, et peut-être mon préféré d’Australie pour le moment (avec les Whitsundays). Le retour fût seulement ponctué d’une trentaine de dauphins nous taquinant près du ferry du retour.


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