samedi 29 août 2009

Chronique du jour le plus triste


Photo : un de nos derniers baisers à l'aéroport...

Jour 54
Aujourd’hui est le jour où Valentin repart. Il rentre en France et me laisse, seule avec ma douleur, à 16 000km de lui, de tout.
A 6h du matin, je me lève en sursaut, après avoir dormi quatre heures. Je n’ai pas plus dormir plus, un poids m’écrase. Je passe deux heures à regarder mon ange dormir. C’est notre dernière nuit ensemble. Les heures s’écoulent comme des minutes, les minutes comme des secondes. Depuis une semaine je ne sais plus contenir mes larmes.

Je regarde derrière nous et je contemple le chemin que nous avons parcouru. Nous avons vécu deux mois en Australie, à l’autre bout du monde, réalisant mon rêve. Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons merveilleusement vécu. Nous avons réussi à nous installer ensemble et à construire une vie dans un pays bien loin du notre tout en faisant notre petit nid et un quotidien charmant. Nous avions du mal à nous apprivoiser au début mais rapidement la douceur de vivre ici a eu raison de nous. Nous avons beaucoup mûri et nos sentiments n’ont fait que décupler. La preuve s’en mesure à la hauteur de notre douleur aujourd’hui.


Valentin se réveille doucement, lui aussi bien avant l’heure de son réveil ; et nous passons une heure et demie à se regarder à s’en imprimer l’image de l’autre dans les yeux, et à se serrer si fort que nos parfums s’imprègnent partout.


La matinée est une torture. Nous ne voulons pas nous quitter du regard ou du toucher une seconde. Puis vient le temps de tous les « derniers ». Dernier petit-déjeuner, dernière douche, dernière contemplation du soleil sur la rivière... Chacun est plus dur, il y a de moins en moins de « derniers » à venir auxquels se raccrocher. Chaque seconde devient plus précieuse et plus douloureuse.


Il nous reste quelques minutes avant de partir pour l’aéroport. Un dernier câlin dans le lit est évident. Moment paradoxal où je savoure chaque seconde dans ses bras et où j’ai infiniment mal de savoir que c’est le dernier. Mon cœur saigne. Partir de notre chambre et de notre appartement marque la fin d’une vie, d’une ère, de notre chemin ensemble en Australie. J’ai la mort dans l’âme et les larmes à ras bord.

A l’aéroport il nous reste deux heures ensemble qui passent évidemment comme deux minutes. Time is the enemy. Je ne retiens pas mes larmes, elles coulent en continu sans que je puisse me calmer ni parfois parler. Valentin est plus fort que moi mais je sais qu’il partage mes sentiments. On s’achète deux petits nounours, je lui achète un koala que je baptise Tartine et il m’offre un kangourou qu’il nomme Boursin. Nous seuls en connaissons la vraie signification mais toute logique primaire voit le lien de connexion. Comme des enfants, nous couvrons de baisers nos nounours respectifs pour en laisser une trace « physique » à l’autre.

Il doit passer le contrôle de douane une heure avant le départ de l’avion. Je ne peux pas franchir la limite. Les personnes qui ont inventé cette règle sont les voleurs de temps de tous les amoureux déchirés.

Il est l’heure de franchir cette ligne et de séparer nos chemins. Après des millions de « je t’aime » vient le temps du dernier câlin, et enfin du dernier baiser. Plus personne ne se contient et nos larmes se mélangent en coulant sur nos joues. Le moment de la séparation est certainement un des pires de ma vie. Etaient-ce les derniers, tous derniers moments de notre histoire de quatre ans ? On refuse cette probabilité, certains que nous nous reverrons dans quatre mois ou dans un an, plus forts que jamais, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de garder cette sombre frayeur dans un coin de l’esprit.


Je me dirige vers la grande baie vitrée de l’aéroport, qui permet aux accompagnateurs de regarder un dernier moment les voyageurs sans pouvoir les toucher ni les serrer dans leurs bras. Pendant quelques minutes nous nous faisons signe que nous nous manquons déjà et que nous nous aimons plus que tout. Trop, beaucoup trop tôt arrive le signe « boarding » sur le grand écran, signalant à Valentin qu’il doit se diriger vers sa porte d’embarquement, que je ne peux pas voir de là où je suis. Un mauvais complot fait passer sur les ondes de l’aéroport « Pleaaase don’t leave me », de Pink. C'est trop dur. Un dernier cœur formé de nos doigts, un au revoir de la main et un signe lui disant que je vais regarder son avion décoller, et je ne le vois déjà plus. Mon cœur éclate. Nous ne nous rendons vraiment compte de notre bonheur qu’une fois que nous l’avons perdu.

Lorsque l’avion commence à avancer, chaque mètre est un mètre qui me sépare un peu plus de mon amour. Puis, il décolle et je le regarde partir au loin. Dans le train du retour, j’essaie d’écouter de la musique pour me calmer. Le hasard fait que la première chanson s’intitule « Hearts Burst Into Fire », de Bullet For My Valentine. Pas question de l’écouter. La deuxième est de Ray Charles, « I Can’t Stop Loving You ». Pas possible non plus. J’abandonne et éteins la musique. Arrivée en ville, je réussis à me perdre tellement j’erre comme une âme en peine.

Ma vie est si vide.

1 commentaire:

  1. ton article est tout simplement magnifique courage ma belle ;)

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